« Fantômes et revenants germaniques », Claude Lecouteux (1985)

Ces informations sont extraites de « Fantômes et revenants germaniques », de Claude Lecouteux, Etudes germaniques 40 (1985), p. 141-160

La croyance en la transmigration de l'âme (terme employé sans connotation chrétienne) est déjà consignée dans l'Edda. Les anciens Scandinaves ne possédaient pas le mot "âme", mais utilisaient trois termes traduisant, sans la recouvrir exactement, la notion d'âme. Ce sont "hugr", "hamr" et "fylgia", tous trois employés aussi avec le sens de "destin".

  • la fylgia : elle prend la forme d'une identité féminine protégeant celui qu'elle a adopté, et elle est en général attachée à une famille. La fylgia a sans doute donné la fée médiévale.
  • le hugr : il correspond au latin spiritus ou animus : force agissante, esprit, pensée, humeur, déterminant la personnalité. Le hugr semble avoir une vie propre, indépendante. Il peut quitter le corps et prendre alors forme : c'est le hamr.
  • le hamr : la peau, la forme interne qui détermine l'apparence extérieure. Un homme peut en avoir plusieurs ; ces formes peuvent être humaines ou animales (conception à l'origine de la croyance aux loups-garous) ; elles ont une vie propre et peuvent évoluer indépendamment du corps, notamment pendant le sommeil, un trait qui rappelle très précisément la transe chamanique. Le voyage du hamr est un des attributs d'Odin : "Odin changeait de forme. Alors son corps gisait comme endormi ou mort, mais lui était oiseau ou bête, poisson ou serpent, et allait en un clin d'oeil dans des pays lointains." Le hamr se joue en effet des distances.

Voir à ce sujet l'article de Régis Boyer : "Hamr, fylgia, hugr, l'âme pour les anciens Scandinaves", Heimdal 33 (1981) p 5-10.


MàJ : 07/04/2019

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