Buffy contre les vampires, série de Joss WHEDON

Dans cette série, un être devient un vampire dès qu’un vampire le mord et qu’il en meurt. On retrouve assez peu le thème du vampire qui en crée un autre et qui lui apprend des choses : la dimension créateur-créature, professeur-élève existe principalement dans le collectif Darla / Angel / Drusilla / Spike.

Le vampirisme ici ressemble un peu à une maladie comme la rage : on est mordu, on en « meurt », et on devient un être peu recommandable qui survit à son tour en mordant les autres et dont le corps et l’esprit subissent des modifications pour finir par suivre un autre mode de fonctionnement – on a l’impression que le personnage devient un fou cruel et dangereux. Il change totalement de personnalité et « perd son âme » comme ils aiment à le répéter. Ce qui signifie que le vampire inverse les notions et estime le Mal comme un grand Bien, comme quelque chose de très plaisant. Le vampire chez Buffy revêt ainsi une dimension diabolique au sens chrétien du terme. Le questionnement est alors souvent celui-ci : jusqu’où peut aller ce caractère diabolique ; faut-il vraiment tuer ces êtres (notamment Angel, Spike aussi) ; que faire lorsqu’un proche devient vampire ; cet être proche devenu vampire est-il encore un proche ou à jamais un étranger. Ce thème du proche devenu vampire a été bien traité dans Buffy : Willow et Alex ont été vampirisés dans une sorte d’ « univers parallèle ». Mais la plus belle réussite reste le personnage d’Angel : ni spécialement bon ni spécialement mauvais au départ, il est vampirisé comme tant d’autres et devient particulièrement mauvais, puis il subit la vengeance de ses victimes et retrouve son âme : c’est-à-dire qu’il retrouve son esprit sain, sa mentalité d’autrefois, il redevient « normal », mais avec tous les souvenirs de ses exactions de vampire – qu’il est toujours –, souvenirs qui ne cesseront de le hanter. Angel a donc une double nature : c’est un corps et un instinct de vampire, avec une morale, une sensibilité et un raisonnement humains. Et c’est cela qui le fait souffrir à n’en plus finir. Dans l’esprit de cette série, le vampire est vraiment un monstre, et le demi-vampire comme Angel est une sorte d’hybride dont on ne sait trop que penser. Il reste que les vampires y sont souvent des personnages hauts en couleur, intéressants. Le scénariste en a profité pour leur donner des caractères bien marqués, pour notre plus grand plaisir. Et il y a toujours ce côté étrange, sensuel, comme exotique, fascinant, appartenant à un autre monde, qui semble désormais être la marque de fabrique du vampire. L’univers différent du vampire est un peu aperçu, mais pas autant qu’on pouvait l’espérer car on est toujours dans une perspective manichéenne.

On peut enfin remarquer que le vampire, quoique « enfermé » dans son corps immortel, vit une évolution psychologique comme n’importe quel homme. Il peut même évoluer jusqu’à retrouver une sorte de normalité psychologique humaine : ainsi Spike amoureux de Buffy retrouve un semblant de notion du bien et du mal afin de les protéger, elle et ses proches.

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